Auteur de 16 points (1 transformation, 2 drops, 3 pénalités), Mickaël Becat (ballon en main) a bien failli être le héros du match. Hélas, l'Isle-Jourdain est revenu dans la partie. (photo : Jean-Jacques BOUIC)
En plein cauchemar
MARMANDE - Alors qu'elle croyait avoir définitivement écarté le danger gersois, Marmande a été tenue en échec contre l'Isle-Jourdain (22-22).
C’est l’histoire d’un match dont le déroulé s’apparente à un scénario catastrophe. Une tragédie rugbystique, à peu de chose près. En concédant le nul à la dernière minute, l’US Marmande a, pour la quatrième fois de la saison, perdu des points sur son pré de Dartiailh. Le Bassin d’Arcachon, Hagetmau et Lombez-Samatan étaient venus s’imposer dans le Lot-et-Garonne ; l’Isle-Jourdain était à quelques centimètres seulement d’en faire de même. Au final, les deux équipes ont partagé les points à l’issue d’une rencontre à couteaux tirés (22-22). Mais pour les hommes du tandem Saint-Loubert / Matéos, ce résultat peut avoir d’amers relents de défaite.
Les Bleu et Blanc ont compté jusqu’à neuf points d’avance dans cette partie. Sans être forcément dominé, l’assaillant gersois était relégué à une distance tout à fait honorable. L’essai de Marc Graniczny, inscrit à la 57ème minute, intervenait telle une libération (19-10). Longtemps la défense isloise, compacte et organisée, avait fait en sorte de repousser l’échéance ; elle était enfin battue et sortait des clous du bonus défensif, une aubaine dans la course au maintien. Le verrou venait de sauter et le plus dur était fait, pensait-on.
Des décisions litigieuses
C’était sans compter sur l’omniprésent Sacilotto et ses coéquipiers, qui ont rendu coup pour coup. Sans s’affoler, l’Isle-Jourdain a recollé. Roublarde – et toujours à l’extrême limite – dans les zones de ruck, solide en mêlée, difficile à contrer en touche, les visiteurs ont tout bonnement mieux géré ce sommet pour le maintien, et n’ont guère paru traumatisés par leurs trois défaites consécutives. C’est eux qui, d’entrée de jeu, posaient la main sur le ballon et prenaient le match par le bon bout. Le capitaine Ufferte concrétisait cette entame réussie par un essai en bout de ligne, au terme d’une belle séquence sur toute la longueur du terrain (6-10, 16ème). Taillés pour le rendez-vous, il ne fait nul doute qu’ils n’avaient point besoin de décisions arbitrales litigieuses pour causer du tort à l’USM dans ce match.
Deux coups de sifflet du référé ont eu des conséquences particulièrement fâcheuses : en fin de premier acte, après de longues minutes aux abords de l’en-but adverse, les Marmandais trouvaient enfin la faille et s’affalaient dans l’en-but, croyant inscrire un essai des plus logiques. L’arbitre de la rencontre préférait, lui, revenir à l’avantage signalé un peu plus tôt et sanctionner d’un carton blanc le troisième ligne Bleys. Certes Mickaël Becat passait une pénalité qui permettait à l’USM de virer en tête à la mi-temps (12-10), mais l’histoire aurait-elle été la même à 17-10 aux oranges ?
Puis vint la seconde polémique. Sur une percée adverse, Graniczny arrachait le ballon et Becat pouvait dégager son camp. Le coup de savate de l’ouvreur atterrissait au-delà des 40 mètres mais Monsieur Leicht offrait aux Gersois une touche dans les 22 mètres de l’USM, considérant que le ballon avait été rentré par un Marmandais. Au bout de cette action, l’ailier Punch profitait du travail de ses avants intercalés dans la ligne d’attaque – et très vraisemblablement d’une passe en-avant de l’un de ses partenaires – pour ramener son équipe à 19-17 (73ème).
Maudite dernière minute
Deux décisions lourdes de sens, même s’il serait déplacé de faire le procès d’un seul homme pour justifier cette contre-performance. Car contrairement à sa dernière sortie contre Trélissac, l’US Marmande est apparue nettement plus empruntée. Moins tranchante offensivement et moins présente au combat, elle a vu ses vieux démons resurgir en ratant de trop nombreux placages et en manquant trop souvent de précision dans le dernier geste. Le joli numéro au pied de Becat (17 points), auteur notamment de deux drops pleins de sang-froid – dont celui du 22-17 à trois minutes du terme – n’a malheureusement pas suffi.
La dernière action du match, dans les arrêts de jeu, est ô combien symbolique. Après avoir pris l’ascendant en mêlée, l’Isle-Jourdain obtenait une dernière pénaltouche dans les 22 mètres des Marmandais qui choisissaient de ne pas la contester pour mieux défendre au sol. Trois temps de jeu (et autant d’avancées) plus loin, le puissant Claude, auteur d’une grosse entrée, trompait leur vigilance en se faisant la malle petit côté. Sans rencontrer d’opposition, il inscrivait le troisième essai de son équipe dans un silence de cathédrale. Le coup de poignard est violent. Sonnés, les joueurs locaux étaient comme K.O. debout. Et ils n'étaient pas au bout de leurs peines : avec la transformation à suivre, les Islois pouvaient encore s’imposer. Mais le coup de pied de l’arrière Salciccia, excentré côté droit, ne trouvait pas la direction des perches. Un petit miracle qui ne peut estomper une déception immense.
L’impression de gâchis est incommensurable. Marmande égare bêtement deux points précieux dans la course au maintien et ne parvient pas à dépasser au classement son adversaire du week-end, qui compte un match en moins. En dépit de deux réceptions consécutives, elle reste engluée dans la zone rouge et devra en plus se déplacer deux fois lors des trois dernières journées. Son salut passera désormais obligatoirement par une victoire à l’extérieur a minima, que ce soit à Salles et/ou à Orthez. Il y a plus que jamais péril dans la demeure. À défaut d’avoir gagné cette bataille, l’USM devra tout donner pour remporter la guerre. « En toute circonstance de la vie, les vainqueurs sont ceux qui ne se rendent jamais », dit une maxime affichée dans les vestiaires de Dartiailh. Il serait de bon ton de s’en inspirer dès dimanche prochain, contre Salles, dans une nouvelle affiche à hauts risques. N’est-ce pas dans ces moments couperets que l’on reconnaît les vrais champions ?
La fiche du match
US Marmande – Isle-Jourdain Rugby 22-22 (12-10)
Arbitre : M. Leicht (Côte d’Argent)
USM : 1 E Graniczny (57’), 1 T, 3 P (10’, 35’, 40’+3), 2 D (13’, 80’) Becat
USL : 3 E Ufferte (16’), Punch (73’), Claude (80’+3) ; 2 T Bosc (16’), Salciccia (73’), 1 P (6’) Bosc
USM : Cheyrou – Fédrigo, François (cap), Graniczny, Maystre – Becat (o), Eymard (m) – Pérais, Bevilacqua, Moreau – Brignol, Zanini – Bachelot, Barès, Pottier.
Remplaçants : Le Goc, Taofifenua, Ounzari, Moser, Bouic, Bordes, C. Bertrand.
Carton blanc : Taofifenua (61’)
USL : Salciccia – Punch, Lannes, Ufferte (cap), Melac – Bosc (o), Lamothe (m) – Sacilotto, Bleys, Olié – Aygobère, Rowling – Fabre, Lahille, Varlet.
Remplaçants : Albinet, Michalak, Claude, Tauheluhelu, Tarroque, Jaubert, Brazzalotto.
Carton blanc : Bleys (40’)